lundi 12 mai 2008

Le fanatique

Gabriel l’aimait éperdument. Chaque soir, il s’assoyait avec elle sur la véranda de la maison, beau temps, mauvais temps. C’était certain, elle possédait les clés de son cœur, cela se voyait. Aucune femme n’aurait pu rivaliser avec elle, avec sa douce mélodie et ses courbes gracieuses, son corps parfaitement sculpté. Et lui d’ailleurs, avait toujours su toucher sa corde sensible. Ils formaient le duo parfait, le couple complice uni par une même vieille chanson d’amour.

Gabriel arriva chez lui épuisé, le travail lui en demandait beaucoup ces temps ci. Il était tout de même très heureux d’être rentré chez lui. Il enleva son manteau et alla d’un pas assuré dans sa chambre. Elle était là, l’attendant sagement couchée sur son lit. Il s’étendit à ses côtés et caressa sa hanche amoureusement. Depuis le premier jour où le jeune homme l’avait vu, il n’avait plus été capable de s’en séparer. Il s’endormit avec elle, un crescendo de musique plaisante en tête.

Le lendemain en revenant de sa tâche ardue, il s’adossa sur la porte d’entrée en se remémorant les gribouillis de notes débordantes dans son agenda de travail. Il soupira. Il aurait sans doute encore beaucoup d’heures supplémentaires à faire. Il se dit cependant qu’il n’aurait pas tort de se changer les idées. Il enleva son manteau, alla dans sa chambre et constata son absence anormale. Elle ne l’attendait pas dans la chambre, elle s’était volatilisée. Le cœur de Gabriel sembla soudain s’arrêter, lorsqu’il constata qu’elle n’était pas à la maison. N’y comprenant rien, il tenta en vain de se raisonner. Ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas l’avoir quitter ainsi. On avait du la lui prendre, l’enlever.

Soudainement, prit d’une colère noire, Gabriel s’élança dehors sans même prendre le temps de remettre son manteau. Il fit le tour du quartier, des gens et des lieux qu’il connaissait pour la retrouver. Au dernier endroit où il vérifia, dans le parc au bord du lac, il l’aperçut, dans les bras d’un autre. Cet autre s’avéra par dessus le marché être son propre frère! Ce fut la goutte! Gabriel se doutait bien que son frère faisait des allées et venues chez lui de temps à autre mais il n’aurait jamais cru que c’était pour cette raison, pour lui prendre sa belle qui était maintenant accordée aux décisions et au doigté de son frère. Et leur vieille chanson d’amour? Et leurs nombreuses histoires au bord du feu ou elle l’accompagnait et chantait avec une grâce infinie, témoignant sa fidélité absolue? Elle n’en avait cure évidemment, elle restait maintenant passive à tout!

Gabriel sentit la jalousie monter en lui. Mais tout cela était entièrement la faute de son frère, il en était persuadé. Puis, incapable de contenir sa colère, il éclata de furie. Il courut vers eux et disputa son frère. Après lui avoir crié sa façon de penser, il le chassa du parc, tel un animal sauvage. Lentement, sa frustration s’apaisa, puis il reprit son calme. Il la regarda elle, redevenue silencieuse, la prit dans ses bras sans rien ajouter pour lui même et repartit en direction de sa maison. Personne, pas même son frère, n’avait le droit de lui enlever sa belle, sa mélodieuse, sa précieuse guitare.

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