mercredi 23 avril 2008

Le charmeur de serpent

Des bras qui aiment et serrent avec douceur...des doigts d'une main emmêlée dans des cheveux...l'autre qui ose frôler doucement un dos...des rires complices qui font du bien...puis un baiser sur le front tandis qu’elle s'était presque assoupit…la jeune rêveuse ouvrit les yeux et étouffa un petit cri.

La neige froide et blanche tombait tranquillement dans la nuit. En son lit, une jeune fille était étendue, au centre d’un ange creusé par ses jambes et ses frêles bras nus maintenant bleutés par la morsure du froid. Elle ne bougeait pas…elle réfléchissait à pourquoi, des papillons volaient toujours dans son estomac. "Ma peau était si douce qu'il avait dit que c'était un pécher de ses mots presque exactes..." Elle soupira doucement et se cala dans ses draps froids. Voilà deux jours, elle était si sautillante de joie...si près du bonheur absolu qu'elle pouvait presque déjà l'atteindre du bout des doigts. Mais une seule phrase avait suffit à tout dévaster. Elle garda le silence plusieurs minute puis, commença doucement à entammer le refrain de la très connue chanson «Every little thing is gonna be alright… » de Bob Marley comme un baume à sa tristesse. Le genre d’histoire classique, triste mais qui fait quand même toujours mal quand on la vit. Mais si on pouvait s’empêcher d’aimer parfois, les choses seraient tellement plus simples…

Personne autour d’elle. À cette heure, le parc était désert. « Suis-je condamnée à pleurer toute ma vie? À voir mon bonheur s’effondrer à chaque instant où je pense enfin l’avoir trouvé? Ne suis-je pas assez forte pour pouvoir me battre encore? » Elle baissa les yeux vers son poignet, un cœur avec une déchirure en son centre avait été dessiné sur sa peau pâle. Lorsqu’elle avait appris la nouvelle fatidique, tard la nuit passée, elle n’y avait pas cru. Tellement que pour calmer ses pleurs, elle avait inscrit cette marque sur elle, en se disant qu’à l’aube, elle aurait disparu car ce n’était sans doute qu’un mauvais rêve. Mais à son réveil, elle était toujours là, la marque…

C’est alors qu’une voix l’interpella pour la tirer de sa mélancolie solitaire. À la fois rauque et douce, une voix qu’elle connaissait bien. C’était son ami le charmeur de serpent. Il savait qu’elle se tenait souvent dans ce parc et s’inquiétait de ne pas avoir eu de nouvelles d’elle plus tôt. Il parla avec un faux accent britannique exagéré « Mademoiselle, si vous voulez bien me suivre, je crois qu’une petite marche vous fera le plus grand bien! »

Elle ne pu s’empêcher de sourire à cette déclaration. Réticente à se confier mais ayant besoin d’un peu de compagnie, elle accepta. Après tout, son ami avait toujours quelque chose de drôle à raconter. Tout un personnage, il était toujours prêt pour une réplique digne des plus grandes pièces de théâtre. Il lui montra donc son chez lui et l’invita à rester pour le repas. Elle accepta volontiers et le suivit jusqu’à son domaine.
Son antre était des plus accueillante. Une chambre blanche et noire, remplit d’instruments de musique et garnit de runes un peu partout autour d’eux. Dans quelques recoins, étaient accrochés fièrement des drapeaux au symboles inconnus. Malgré toute cette étrangeté, la jeune fille s’y sentit comme chez elle. Le charmeur de serpent lui joua de la musique et elle laissa les sérénades occuper son esprit. Elle se sentait bien dans ce nouvel environnement, loin de tout pendant un instant, elle pouvait enfin souffler. L’homme lui prêta son épaule en attendant patiemment qu’elle veuille bien ouvrir son cœur. Lorsqu’elle le fit, ce fut avec un calme étonnant.

« Tant de bonheur pour tant de douleur…en une fraction de secondes tout s’est effondré. et les événements me dépassent totalement. Mais qu’ai-je donc fait pour en arriver là? J’aurais tant souhaité que tout soit simple pour une fois! »

L’observant gesticuler, le charmeur de serpent remarqua le cœur brisé sur le poignet de son amie. Il fronça les sourcils puis arrêta la jeune fille avec un air cynique. « Bon sang qu’est ce que c’est que ça! » s’exclama l’homme avec un air fictivement grave. « Je t’interdis de bouger jeune fille! » puis, portant son pouce à sa bouche il le mouilla pour effacer la déchirure sur le cœur de la jeune fille pour ensuite prendre une plume pour en redessiner le contour plus foncé « Aaaaahhh! Voilà qui est mieux! »

La jeune fille s’arrêta net, regarda son poignet d'un air incrédule. Elle regarda les yeux du charmeur de serpent et pu y lire un bagage issu de lourdes expériences passées.

Il la regarda doucement et ses mots furent empreint d’écho dans sa voix. « Ne te prives jamais d’aimer. Ce serait la pire des erreurs. Si tu as à vivre ton bonheur, vis le pleinement. Et si ce bonheur t'amènes à de la douleur, alors vis la pleinement aussi. On ne peut empêcher un coeur d'aimer et peu importe ce qu’il t’en coûtera, tu ne sais jamais ce que le futur te réserves...fais confiance en la vie et prends donc un peu de temps pour toi...»

La soirée se termina dans les rires et la musique. Lorsque son ami vint la reconduire chez elle, la jeune fille posa un regard sur le nouveau coeur sur son poignet et sourit. Le charmeur de serpent avait raison, ce serait une erreur de se priver d'amour. Elle n'était pas prête pour le moment, elle avait à vivre sa douleur d'abord mais elle n'était pas demeurée insensible aux paroles de son ami. Elle retourna au parc et regarda de nouveau son ange de neige, intacte depuis son absence. Elle savait qu'elle reviendrait de temps en temps pour s'y coucher, et chanter à nouveau du Bob Marley. Mais elle entendait maintenant un murmure dans le vent, un souffle doux et chaud qui semblait lui dire "Il n'est jamais trop tard..."

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