Constance fuyait la ville de Vincennes de ses préjugés, au grand galop sur son cheval avec ses maigres possessions. Poursuivie par une horde de cavaliers aidés de leurs chiens, elle coupait par les bois, hantée par la lueur des torches et les piaffements de chevaux. Elle avait laissée derrière elle tout ses souvenirs, pourchassée par les villageois qui la recherchait pour la mettre à mort. Voilà déjà quelques années qu’une rumeur se répandait , celle qu’une étrange femme qui aurait le pouvoir de se transformer en dragon arpentait les rues de la ville pour tuer des enfants et commettre des choses d’une intention maléfique. Constance, était issue de cette rumeur, trahie très probablement par une commère de son entourage et Dieu sait qu’elle n’en nie pas la très grande présence. Néanmoins, ses ingrats avait mit sur son dos tout ses actes injustes, l’accusant de crimes dont elle n’était pas coupable, la traitant de sorcière, de suppôt du diable, ou du diable lui même. Elle n’ignorait pas sa deuxième nature de dragonne, mais n’avait jamais fait de mal à personne c’est certain.
Ainsi elle fuyait sa demeure, espérant pouvoir trouver gîte, à l’extérieur des terres de Vincennes, loin de cette poursuite, loin de cette misère. Bifurquant brusquement de sa route, elle remarqua une rivière au loin. Si jamais elle parvenait à la traverser, peut être aurait elle une chance de semer ses poursuivants. Elle s’engagea dans un sentier, coupa à travers le bois, puis alors qu’elle atteignait la rivière et s’engageait en son amont, elle senti l’air siffler autour d’elle à deux reprise avant de ce retrouver projeter dans le cours d’eau. Elle se releva et jura tout bas en voyant les cavaliers arcs pointés sur elle, attendant le commandement du chef de la bande. Son cheval avait été profondément touché au flanc par une flèche et s’était affaissé.
Le chef mit pied à terre et s’approcha d’elle d’un air victorieux. Constance les larmes aux yeux se prosterna devant lui avec humilité. « Pitié mon seigneur, laisser moi partir, je jure de ne jamais plus revenir sur ses terres. Ayez cœur de me laisser la maladresse de me racheter en vous promettant de ne plus jamais faire de mal à quiconque sur cette terre! Je vous en supplie! » La horde éclata d’un rire mauvais. « Pourquoi te croirais-je sorcière? Tu n’as rien de bon en toi si ce n’est de ton talent à bien mentir. Je n’ai que faire de tes belles façons qui mèneraient à la perte d’autres vies innocentes! Suffit maintenant petite sotte! Je vais t’apprendre les bonnes manières! Tu subiras le châtiment que tu mérites, la mort!» Il l’empoigna par la nuque et la plaqua avec violence sur le sol. Puis s’agenouillant, il l’immobilisa d’une main sur sa gorge et empoigna son épée.
Lentement, la jeune femme saisie la main qui la strangulait, puis la broya d'un coup sec, arrachant à l’homme un cri de douleur. Il s’écarta d’elle en fixant frénétiquement sa main qui n’était plus que moignon de chair sanglante. Les yeux de Constance devirent luminescents, puis son corps fut totalement enveloppé d’un halo bleu. « Fille de Satan! » hurla le chef. Son corps se couvrit d’écailles et sa peau absorba ses vêtements. Elle commença à grandir alors que son cou s'allongeait et ses mains s’élargissaient en se couvrant de griffes acérées. Alors qu’elle achevait sa métamorphose, elle fit un geste vers la rivière, en changea le cours et le dirigea droit sur elle. Les déferlantes qui envahirent la place brouillèrent pendant un instant toute trace de Constance et de son assaillant. Les autres cavaliers, terriffiés, ne furent pas touchés par les eaux. Puis sortant des eaux, un dragon bleu apparut devant eux dans toute sa splendeur. Les cavaliers n'en croyaient pas leurs yeux. La femme était donc réellement cette créature?
Rugissant, elle inonda les cavaliers en panique d’un souffle d’eau. Certains parvinrent à s’échapper, d’autres tombèrent, noyés sous les flots. Puis graduellement, la rivière reprit son cours et du chef de la horde, il ne restait qu’un monceau d’écume. Parmi les survivants qui battaient en retraite par les bois, certains purent apercevoir la silhouette de la dragonne s’élevée dans les cieux avant de s’éloigner en quelques battements d’ailes silencieux. Constance s’éloigna et se posa en sûreté au bord d’un lac au centre de la forêt.
Miarok caché dans l’ombre observait la scène, n’en croyant pas ses yeux. Un dragon devant lui! La forêt percée par la mince lueur de la lune croissante, la scène était aussi mystérieuse que magnifique. La forêt qui avait été récemment victime d’un incendie, se régénérait au fur et à mesure que le dragon bougeait. La créature tenait un cheval blessé entre ses pattes et le trempait délicatement dans l’eau du lac, devenue aussi transparente que du crystal. L’animal sembla guérir au contact de l’eau. Le dragon le déposa à terre et celui ci se mit à hennir et trépigner joyeusement. Miarok remarqua également la présence d’autres animaux, des cerfs, des loups, un ours et des dizaines d’oiseaux. Semble t’il que la créature y était pour quelque chose car les animaux étaient là, prédateurs et proies ensembles, sans s’attaquer, sans se faire le moindre mal. Devant ce véritable congrès contre nature, le pauvre Miarok n'avait plus la tête aux corvées de coupe de bois que son père lui avait imposé. La forêt resplendissante désormais, l’empli d’émotions. Le dragon regarda dans sa direction. Le jeune homme fasciné, avança timidement vers lui, hypnotisé par la douceur de l'indigo qui le fixait. Les yeux de la créature, d’un bleu si pure, rappelaient l’éclat des sources printanières qui s’écoulaient à la fonte des dernières neiges de l’hiver. Miarok s’avança puis, le dragon recula. Aussitôt, le jeune homme freina son approche avec délicatesse pour ne pas effrayer la bête. La sublime créature, fut enveloppé d’un aura bleuté. Miarok le fut aussi et malgré lui, se vit voler jusqu'à la bête, et se déposer au creu de ses grandes pattes.
Mais qu'allait-il devenir, entre les mains de cette dragonne?
samedi 16 août 2008
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